David Bowie à la Philharmonie de Paris

Après avoir débutée à Londres, fait escale à Berlin, Toronto et même Chicago, l’exposition David Bowie Is, s’est arrêtée à Paris du 3 mars au 31 mai 2015 dernier. Elle a attirée plus de 200.000 fans en France, à la Philharmonie de Paris et vient de fermer ses portes dernièrement. L’exposition a franchi dans l’héxagone, le cap du million de visiteurs.

« David Bowie est… impressionné par la façon dont vous avez calculé votre coup pour réussir à être le millionième. Bien joué ! » a écrit le chanteur, à un enseignant de Niort, proclamé millionième visiteur de l’exposition. Retour donc, sur cette exposition évènement.

Ce qu’il faut savoir, c’est que David Bowie garde tout et stocke dans un entrepôt à Londres, près de 175.000 objets amassés, tout le long de sa carrière et qui pour certains sont présents dans l’exposition.

Avant toute exploration, des préparatifs sont de rigueur. Et pour partir à la découverte du chanteur caméléon, il était fortement conseillé de réserver ses places à l’avance. L’accès à l’exposition se faisant par créneau d’une heure. La foule est compacte ce samedi soir, où l’équipe de rockthisweb est partie à la rencontre de la star. Débarassés de tout superflu vestimentaire, il est temps de faire la queue même munis de billet! L’affiche de l’exposition avec David Bowie revêtant le fameux éclair, présent sur la pochette d’Aladdin Sane, impose. David Bowie est là, c’est certain. On pénètre dans l’antre du héros. L’épopée se fera à la vitesse du son. On nous équipe d’écouteurs, qui au gré de notre avancée, diffuse une musique qui nous plonge dans l’ambiance.  Et nous accédons enfin à l’entrée de l’exposition.

La célèbre tenue de scène dessinée, par le couturier Kansaï Yamamoto nous accueille avec politesse et nous invite dans un monde à part, celui de David Bowie. Le premier espace est consacré à ses débuts. On découvre les pensées du jeune homme, ses rêves de célébrité qu’il affiche clairement, ses ambitions futures et sa première passion pour le mime.

Le chanteur sort son premier 45 tours en 1964, sous le nom de David Jones With The Kings Bees, il n’a alors que 17 ans. David Bowie arbore à l’époque une magnifique chevelure d’adolescent, et fait d’ailleurs partie du curieux club, des hommes à cheveux longs, qui revendique le droit de ne pas avoir à les couper. C’est dans cette pièce, que l’on voit le jeune David Bowie, faire ses marques , la guitare à la main. L’artiste se questionne, se cherche encore, mais annonce clairement qu’il veut devenir une superstar. Une fois avoir bien pris en compte, le désir du monsieur, il est temps à présent d’évoluer dans d’autres lieux, d’autres espaces…

« Gran Control To Major Tom » se fait entendre et nous voici embarqués sans nous y attendre pour une « Space Oddity ». L’affiche du film de Stanley Kubrick n’est pas loin, le stylophone avec lequel David Bowie, a composé le morceau aussi, puisqu’il est exposé parmi ses premiers 45 tours de l’époque. En apensanteur, nous restons hypnotisés, presque immobiles, essayant de réaliser ce qui vient d’arriver. C’est le début du succès. L’homme vient de marcher sur la lune et nous on a bien envie d’y rester. On aurait bien tord, car la suite du programme s’annonce encore plus prometteuse.

Se dresse plus loin devant nous,  la tenue de scène que portait David Bowie à Top Of The Pops en 1972. Derrière est diffusée l’émission, où il chante « Star Man ». Ce passage marqua la face du rock et bouleversa des millliers voire des millions d’adolescents, qui voulurent ensuite lui ressembler. Personne n’avait jamais vu ça avant. La prestation nous scotche sur place. Il nous est presque interdit de bouger. Partir avant la fin du morceau, serait presque considéré comme une offense.

A peine remis de nos émotions, un couloir nous conduit jusqu’a une grande salle, où le Soho des années 60, se dressse devant nous. La veste d’Alexander Mc Queen, réalisée pour la pochette de l’album Earthling, nous en met plein les yeux. La scénographie est extraordinaire.  On nous mitraille de tous les côtés. Aussi bien attirés par les cahiers qui montent crescendo, comme des oiseaux jusqu’au ciel, que par le kimono de Kansaï Yamamoto, déployé, qui nous permet d’admirer ses motifs japonais. Un écran de télévision diffuse une prestation du chanteur avec Klaus Nomi et créé le choc, et nous expédie des années en arrières…

Des partitions de chansons du chanteur, occupent un coin de la salle, pendant que de bons vieux vinyles, ne demandent, qu’une chose, être manipulés! Au centre de la pièce, est aménagé un petit espace, permettant une pause visuelle, un petit rappel de tous les  disques que  David Bowie a sorti le long de sa carrière. Ce refuge nous permet ensuite, de poursuivre et d’aller au fond de la pièce, à la rencontre de ses multitudes tenues de scène, toutes plus excentriques, les unes que les autres, à la verticale et même à l’horizontale, un des costumes étant placé, comme une momie que le temps a épargné.

Nos sens sont sollictés de toute part, on passe devant des affiches de concert, de comédie musicale, pour lequel le chanteur a collaboré, croisant au passage, la maquette d’une scène d’un de ses shows réalisée avec minutie, où rien ne semble avoir été oublié. On s’amuse en découvrant, qu’en 1995 David Bowie a donné dans la tapisserie, en créant un papier peint avec ses propres motifs. David Bowie est un touche à tout, un explorateur, qu’on prend plaisir à suivre dans ses expéditions, musicales, vestimentaires les plus audacieuses. Le regard perdu, on aperçoit une peinture que ce dernier a réalisé. Car David Bowie peint à ses heures perdues. On en avait déjà eu, une illustration avec la pochette d’Outside.1 en 1995, année où semble-il, David Bowie a souhaité montrer au public, une facette de sa personnalité encore inconnue.

Devant cette effusion d’objets,  de décibels qui rythment nos pas, on a envie de reprendre ses esprits. Une partie en retrait permet cette respiration, celle consacrée à David Bowie et le cinéma. Car notre homme a joué dans d’innombrables films, en parallèle à sa carrière musicale. La perruque qu’il portait dans Basquiat, pour incarner Andy Warhol, est là, tout comme, le sceptre avec la boule de cristal, qu’il tenait dans le film Labyrinth. C’est avec plaisir que l’on découvre son premier film « The Man Who Fell To Earth », premier rôle de David Bowie au cinéma, inspiré d’un roman de Walter Tevis, « La planète d’eau » où le chanteur incarne un extraterrestre venu sur Terre pour sauver la sienne.

Peut être y a-t-il de la vie autre part?  Un peu plus loin, nous croisons en chemin, un compagnon canin, et d’autres héros de son univers. Le costume de Pierrot Blanc que portait David Bowie dans le clip « Ashes to Ashes » se dresse devant nous et a marqué les esprits à jamais. « Where are we now? » s’interrogent deux David Bowie d’époque différente, par écran interposés, juste à côté. Oui, où en sommes nous?

A l’ère du multimédia bien sûr. Et guidés, par l’image et le son de ses morceaux, on s’avance avec délectation, vers le mur d’écrans de télévision, qui diffusent ses clips en continu, où les époques se mélangent, s’entremèlent et nous donnent envie d’y participer, car c’est d’actualité, de regarder plusieurs choses simultanément, de nos jours. Après cette expérience « clippesque », on en aurait presque oublié, une question essentielle. Un moment d’égarement, on se retourne et les premières notes de Life on Mars? débutent. On reste figés, le costume vert amande, que portait David Bowie attendait patiemment, que l’on pose les yeux sur lui. Le clip est une oeuvre d’art, à lui tout seul. Subjugués, nous voulons connaître la réponse? Is there life on Mars? La question est posée, mais nous ne le saurons jamais. Un retrait s’impose, on s’éloigne donc en silence…

Face à nous, Berlin, les années berlinoises, qui ont permises à David Bowie d’expérimenter et de retrouver une inspiration déclinante. La scénographie de l’espace, reprend les lignes de métro de la capitale allemande, nous plonge d’emblée au coeur de la ville. On frémit à chaque pas, on découvre, l’Exil, le bar dans le quartier de Kalsberg, où allait souvent David Bowie, les clés de son appartement là-bas, la célèbre pochette de disque de l’album Heroes, sublime l’ensemble. L’ambiance peut paraître austère, mais elle est le reflet du Berlin de David Bowie, celui qui lui a inspiré la chanson Heroes, le mur de Berlin notamment. « You could be heroes just for on day », il suffit d’y croire.

En quittant les lieux, les costumes présents sur le côté semblent annoncer quelquechose, désabusés, ils nous incitent à nous éloigner. On ose y croire, mais tout à une fin. Encore quelques textes apposés au mur, qui nous parle du chanteur, surbooké comme l’indique l’agenda géant, présent à côté de la porte de sortie. On capitule, le temps est compté. C’est terminé, nous rendons nos écouteurs, encore sous le choc. Mais la fête n’est pas terminée. Place à la musique !

C’est l’heure du live et nous voici catapultés en plein concert, dans une salle de spectacle, où se dressent fièrement les costumes de scène de David Bowie. Retour à l’essentiel, la musique ! David Bowie est là souriant et chante pour nous, rien que pour nous, un vrai kaléidoscope live, du jamais vu, on ne pouvait rêver meilleure fin. Les visiteurs sont sous le charme et écoutent émus, l’idole, de toutes les époques. C’est irréel, on voudrait que le temps s’arrête. Mais, il est mimuit, il est l’heure de partir. On obéit sans broncher, c’est la fin. En guise de consolation,  un  jeu concours avait été organisé. Pour être « Beau, oui comme Bowie », la compétition fut sévère, aussi bien pour les fans que pour autres !

Selon le Victoria and Albert Museum, la rétrospective « David Bowie Is » a accueilli 312.000 mélomanes à Londres, 146.500 à Toronto, 80.000 à São Paulo, 151.000 à Berlin ainsi que 193.000 visiteurs à Chicago, et plus de 200.000 personnes en France. Après avoir donc séduit 1,1 million de fans, l’exposition itinérante va désormais poser ses valises à Melbourne, en Australie, du 16 juillet au 1er novembre, avant de partir à la rencontre du public de Groningen, aux Pays-Bas, du 15 décembre 2015 au 15 mars 2016.
Une vraie tournée mondiale, pour une star qui défie le temps. Preuve que la popularité de David Bowie ne se dément pas, même après 51 ans de carrière !
Sébastien Mouton, le 07/07/15